Les batailles d’Hastings

6 juin 2016

"Elle allait vaincre, elle allait perdre..."

Haviland Eric
128 pages
Éditions le Livre de Poche (2016)
Collection littérature & documents
Espèce d'idiote ! Pourquoi tu m'as fait ce coup-là ? Pourquoi ? Je ne t'aimais pas beaucoup, d'ailleurs personne ne t'aimait. Alors pourquoi moi ? Pour que je n'oublie jamais ce que j'ai vu quand j'ai ouvert la porte de notre chambre au Collège d'Hastings ? Tu avais pourtant l'air heureuse, l'autre jour au match de rugby et puis après au pub. Tu étais presque jolie, j'étais même jalouse.
Tu m'emmerdes, Cynthia, et je ne savais pas qu'on pouvait avoir tant de chagrin.
Extrait :

« Une amie, Cynthia? Plutôt une camarade de chambre imposée par Miss Huntney. À la rentrée de septembre, celle-ci lui avait glissé, toujours habile à jeter la balle dans le camp des élèves : “Cette année Eleanor, vous partagerez votre chambre avec Cynthia Harding. Elle arrive demain. Pourriez-vous aller la chercher à la gare ? C’est la première année à Abbey School qui est la plus difficile : mettez-lui la pied à l’étrier.” Eleanor n’avait rien répondu : Miss Huntney savait parfaitement qu’elle ne se réjouissait pas à l’idée de passer un an avec une inconnue alors qu’elle avait tant d’amies à l’école. »

Mon avis :

Dans le pensionnat d’Abbey School dans le Sussex, un matin de mars, un événement vient bouleverser la vie tranquille de cette collectivité : Eleanor découvre sa camarade de chambre pendue au radiateur. Les images de son corps, violentes et obsédantes, bouleversent la jeune femme. Loin d’avoir été des amies proches, Eleanor et Cynthia ont passé de longs moments ensemble dans cette pièce depuis la rentrée scolaire. Le geste de cette dernière reste incompréhensible aux yeux de tous, mais c’est surtout la colère et la révolte qui prédominent dans les réactions d’Eleanor : Pourquoi Cynthia a-t-elle fait cela ? Pourquoi lui imposer cette situation avec laquelle elle ne parvient pas à composer ? Doit-elle la pleurer ou la détester ?
Les batailles d’Hastings est un récit assez court qui parle de deuil, des réactions intenses et variées suite à l’annonce du suicide. Eleanor, de son côté, va devoir surmonter sa découverte avec tout le stress post-traumatique qui accompagne les flashs et réminiscences qui ne cessent de la hanter. Des images qui, en quelques instants, ravagent tout en Eleanor et arrache chaque membre du pensionnat à sa vie du moment pour les précipiter dans une réalité terrible. Eleanor veut se montrer forte et s’isole de plus en plus. Elle va dans un premier temps se sentir coupable de ne pas avoir su. Puis vont s’ensuivre une sorte de honte par rapport aux autres qui décident de chanter aux obsèques de Cynthia, de la colère envers elle-même et envers son amie, du désespoir.. Tous ses sentiments sont parfaitement retranscrits par l’auteur, dans des degrés différents, dans une ambiance toute particulière. Eleanor quitte brutalement l’espace confiné de l’enfance pour celui des adultes. Dans l’ensemble, le récit est sympathique à découvrir. Mais j’ai eu quelques difficultés avec le style de l’auteur, qui n’est pas parvenu à toujours retenir mon attention. Une courte histoire qui, de ce fait, était plus longue à parcourir que ce que laisse entrevoir son nombre de pages.

★★★☆☆




Eric Haviland est né en 1956 dans une famille protestante d’origine anglo-saxonne. Après une courte expérience comme prof de français au Maroc, il rentre en France et devient libraire. Il commence à écrire sous l’influence de son ami l’écrivain Kostas Axelos et publie deux courts romans dans les années 80.
Il travaille au Musée du Louvre, puis au Musée Picasso, et enfin au Grand Palais où il est toujours aujourd’hui.




À propos de Sariah'Lit:

Stéphanie, férue de lecture et blogueuse depuis 2013. Elle ne passe pas une journée sans avoir un livre entre les mains pour s'évader.

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LES MOTS DOUX :

  1. Je l'ai fini hier, lu d'une traite. Par contre, l'écriture de l'auteur m'a beaucoup intéressé ,par son originalité et un style original. Se laisse lire .

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