"On avait beau nous répéter qu’il fallait nous battre, on n’avait souvent qu’une idée, s’enfuir, ne plus se réveiller chaque matin en se demandant si on serait vivant le soir."
Dupuy Marie-Bernadette
608 pages
Éditions Calmann-Levy (2017)
Collection roman
Extrait :1920. Sur le site minier de Faymoreau en Vendée, un coup de grisou a provoqué l’effondrement d’une galerie. Apprenant la tragédie, Isaure Millet, la fille des métayers du château, s’est précipitée sur les lieux. Thomas Marot, l’homme qu’elle aime depuis toujours, fait partie des mineurs pris au piège. Les secours s’activent. Thomas est sauvé mais le soulagement d’Isaure est de courte durée : le jeune homme est déjà fiancé à une ouvrière polonaise. Comment pourra-t-elle se résoudre à renoncer à lui ?
Les suites de la catastrophe prennent une tournure inattendue: l’une des victimes retrouvées sans vie au fond de la mine a, en fait, été assassinée d’une balle dans le dos… L’enquête bute sur le mutisme des témoins. La belle Isaure, qui lutte pour dissimuler les sentiments qu’elle voue à Thomas, en sait-elle plus qu’elle ne prétend ? Quel secret cache la petite communauté de gueules noires ?
« Elle chérissait ainsi une foule de moments bénis où Thomas Marot veillait sur elle. Il l’avait perchée sur un cheval, dans le pré jouxtant le puits du Centre. L’animal devait descendre au fond des galeries, pour longtemps condamné aux ténèbres. « Nous lui avions cueilli des feuilles de pissenlit, à ce pauvre cheval, et Thomas avait gardé des fleurs qu’il piquait dans mes nattes. Du jaune d’or sur du diamant noir. Il disait ça, oui, en me pinçant la joue. Et je me sentais la plus jolie de la terre. »
Un long soupir désolé lui échappa. L’angoisse lui broyait le cœur. Elle s’interrogeait sur ce qui se passait à Faymoreau, pendant que le train cahotait sur les rails. « Peut-être qu’ils les auront remontés, sains et saufs. Je le saurai vite; la foule se réjouira et je verrai des visages soulagés. Oui, c’est obligé. Les mineurs se dévouent corps et âme les uns pour les autres. Gustave Marot ne laissera pas son fils mourir sous terre. »
Isaure évita soigneusement de songer à Pierre Ambrozy, le jeune galibot. Piotr, c’était son prénom en polonais. Il avait pour sœur Jolenta. Il ne fallait surtout pas penser à Jolenta, car Thomas prétendait l’aimer. »
Un long soupir désolé lui échappa. L’angoisse lui broyait le cœur. Elle s’interrogeait sur ce qui se passait à Faymoreau, pendant que le train cahotait sur les rails. « Peut-être qu’ils les auront remontés, sains et saufs. Je le saurai vite; la foule se réjouira et je verrai des visages soulagés. Oui, c’est obligé. Les mineurs se dévouent corps et âme les uns pour les autres. Gustave Marot ne laissera pas son fils mourir sous terre. »
Isaure évita soigneusement de songer à Pierre Ambrozy, le jeune galibot. Piotr, c’était son prénom en polonais. Il avait pour sœur Jolenta. Il ne fallait surtout pas penser à Jolenta, car Thomas prétendait l’aimer. »
Mon avis :
Automne 1920, Faymoreau est l’un des nombreux villages miniers qui se remettent des affres de la guerre. L'exploitation des mines de charbon y est l’une des principales sources de revenus. Les villageois par centaines s’entassent dans des corons de petites maisons où Français et Polonais, venus en renfort comme main d’oeuvre, se côtoient. Le 11 novembre est une journée de travail comme les autres pour les miniers qui descendent au cœur de la mine. Pourtant, lorsqu’une explosion de gaz survient faisant s'écrouler des galeries, l’agitation et l’inquiétude étreignent les habitants quant au sort des mineurs sous terre. Thomas Marot fait partie des hommes à sauver. Quand Isaure Millet l’apprend par hasard, quelques jours après, elle décide de quitter La Roche-sur-Yon où elle travaille comme surveillante dans une pension, pour retourner dans son village natal. La jeune femme, amoureuse depuis toujours de Thomas, ne peut imaginer vivre sans lui et doit savoir s’il est toujours en vie.
Isaure est une jeune femme d’à peine dix-huit ans, fille de métayers, qui n’a pas eu une existence des plus joyeuses. Pour se libérer des coups de parents qui ne l’aiment pas, elle a travaillé énormément et a pu bénéficier d’une éducation grâce à la tutelle de la châtelaine, Madame de Régnier. En passe de devenir la nouvelle institutrice de Faymoreau, elle reste toutefois une personne innocente, naïve, qui rêve secrètement de son Thomas qu’elle aime si fort. Ce dernier a toujours été présent pour la soutenir lorsque son père la battait. Il a toujours pris soin d’elle. Il l’a protégée. Quoi de plus normal alors qu’elle ait développé des sentiments profonds pour lui. Mais, ce dernier ne la considère que comme une petite soeur. D’ailleurs, Thomas compte se marier, avec Jolenta, une jeune Polonaise qui travaille également dans les mines. Isaure souffre constamment dans ce premier tome, que ce soit à cause de ses parents ou à cause de Thomas qui commence à la rejeter. À travers les mots, on ressent sa peine. Mais, pas seulement. Isaure a toujours été considérée comme faible, comme une incapable par les siens. Les événements vont se suivre : l’enquête, les déconvenues. Et, ils vont pousser la jeune femme au bord du précipice.
J’avoue que ce genre de saga n’est pas ce que je lis en temps ordinaire. Mais, le cadre de l’histoire me donnait envie de découvrir celle-ci. L’auteure nous offre un récit prolifique et prenant avec des protagonistes marqués, qui tout à tour prennent la parole pour nous donner un aperçu de ce qui se déroule dans le petit village dès que le coup de grisou survient dans la mine. Marie-Bernadette Dupuy aborde de nombreux thèmes comme les conditions de vie des mineurs, des femmes ou des invalides de guerre. C’est extrêmement riche, et il est difficile de revenir sur tout ce que l’ouvrage contient en une simple chronique. J’ai, de mon côté, mis plusieurs jours à le parcourir, le temps pour moi de m’imprégner de l’ambiance de ce petit village.
★★★★☆
Stéphanie
Marie-Bernadette Dupuy est née et vit en Charente. Écrivaine aux multiples talents, ses sagas familiales connaissent un immense succès.
Avant de se consacrer pleinement à l’écriture, Marie-Bernadette Dupuy a été journaliste et responsable du magazine Promenade.
Avant de se consacrer pleinement à l’écriture, Marie-Bernadette Dupuy a été journaliste et responsable du magazine Promenade.
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