"Je me retrouve allongée, blottie tout contre lui, séquestrée dans ses bras,
emprisonnée par son cœur, condamnée par son âme."
emprisonnée par son cœur, condamnée par son âme."
Rau Ewa
380 pages
Éditions Black Ink (2018)
Extrait :Aimer implique de sauter dans le vide. Adé est une talentueuse danseuse de hip hop, dont le coeur dégringole toujours après une histoire douloureuse. Brisée et usée par sa dernière relation, la jeune femme va, sans réfléchir, accepter le marché saugrenu de sa prof de danse : vivre sous le même toit que son fils. Elle va alors faire la connaissance d'Antony... Une rencontre choc qui va remettre en cause tous ses principes. Les pieds touchant enfin le fond, cela ne sera pourtant pas aisé de remonter la pente... Adé va découvrir que les sentiments blessent davantage que les coups et que les pactes les plus risqués ne sont pas toujours signés avec le diable...
« À l’époque, toutes les filles de mon âge étaient raides dingues des midinettes qui pleuraient des chansons d’amour. Elles rêvaient déjà au Prince Charmant qui viendrait les chercher dans ce coin paumé de la banlieue.
Quant à moi, je rêvais de me barrer de cette cité de mes propres ailes. Je ne voulais pas finir comme ma mère. Seule. À attendre qu’un connard vienne me libérer de cette misère.
À peine âgée de treize ans, je sentais déjà cette rage se mouvoir en moi, cette soif de vie, j’avais d’ores et déjà la volonté de fuir d’ici. Et c’est tout naturellement que le hip-hop s’est immiscé en moi. J’avais ce son dans la peau. Cette musique me parlait, elle me comprenait. »
Quant à moi, je rêvais de me barrer de cette cité de mes propres ailes. Je ne voulais pas finir comme ma mère. Seule. À attendre qu’un connard vienne me libérer de cette misère.
À peine âgée de treize ans, je sentais déjà cette rage se mouvoir en moi, cette soif de vie, j’avais d’ores et déjà la volonté de fuir d’ici. Et c’est tout naturellement que le hip-hop s’est immiscé en moi. J’avais ce son dans la peau. Cette musique me parlait, elle me comprenait. »
Mon avis :
Ewa Rau nous offre avec Adé un premier récit dès plus prometteur. L’auteure nous emmène dans une belle histoire où les sentiments sont parfaitement retranscrits, avec des personnages attachants qu’on aimerait côtoyer au quotidien, une intrigue où les pulsations musicales se ressentent au coeur de l’intrigue telles un battement de coeur.
À vingt-quatre ans, Adélaïde est une jeune femme passionnée de danse, des mouvements de corps dans lesquels elle aime se perdre et qu’elle utilise pour évacuer les tensions qui règnent en elle. Avec l’aide d’amis fidèles qu’elle considère comme sa famille, Adé est parvenue à allier passion et vie professionnelle. Mais, malgré son jeune âge, Adé a déjà connu de nombreuses désillusions dans sa vie. Elle se remet à peine de sa première histoire d'amour qui s’est mal terminée qu’elle se retrouve, en peu de temps, contrainte de partager un appartement avec un autre homme. Anthony est le fils de sa prof de danse et, à la demande de la mère de celui-ci, Adé accepte de devenir sa colocataire. Loin d’apprécier la situation, elle n’en voit pas moins le bon côté des choses : elle va pouvoir avoir un espace à elle et commencer à se reconstruire en partant sur de bonnes bases. Les premiers échanges entre eux ne laissent pourtant pas présager une bonne entente. Ce qui n’empêche pas Adé de se sentir irrémédiablement attirée par Tony malgré les mises en garde du jeune homme.
Dès les premières pages, on ne peut que ressentir de l'animosité envers Tony qui se comporte de façon méprisante avec Adé. Tony est loin d’être un ange, un homme sarcastique à la carrure imposante et intimidante qui va faire vivre un vrai enfer à la jeune femme. Il lui impose des règles et instaure une certaine distance entre eux dès le départ. Mais, on se rend rapidement compte que sous cette façade brutale et arrogante se trouve un être écorché, incapable de donner sa confiance à une femme et qui souhaite simplement se protéger. Tout comme Adé, Tony va être tiraillé par ses émotions, son attirance évidente pour cette femme qu’il souhaite protéger. La complicité entre les personnages mais, également leur dualité, sont assez présents tout au long du récit. Le décor se met en place assez rapidement et les tensions entre les deux nouveaux colocataires également. La dimension psychologique qui se dégage de l’ensemble de l’histoire est prenante et je me suis facilement laissée emporter par une plume fluide. Néanmoins, certains aspects de l’intrigue m’ont dérangée comme la violence dégagée par Tony dans certaines scènes qui, dans toute situation réelle, aurait poussé n’importe quelle femme à fuir peu importe ce qu’elle ressent pour l’homme.
En bref, Adé est une lecture addictive qui nous embarque dans une colocation brûlante entre deux âmes écorchées et abîmées. Malgré l'agréable moment passé en leur compagnie, l’ouvrage n’est pas un coup de coeur, mais cela n’est pas passé loin...
★★★★☆
Stéphanie
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