Le jour où Anita envoya tout balader

14 juin 2016

"La vie est trop courte pour s’ennuyer."

Bivald Katarina
464 pages
Éditions Denoël (2016)
Collection grand public
L’été de ses dix-huit ans, Anita Grankvist s’était fixé trois objectifs : apprendre à conduire une moto, acheter une maison et devenir complètement indépendante.
Presque vingt ans plus tard, Anita n’a toujours pas réalisé ses rêves. Elle mène une petite vie tranquille, seule avec sa fille Emma, et travaille au supermarché local. Le départ d’Emma pour l’université va bouleverser ce quotidien un peu fade. Anita réalise qu’elle va devoir gérer quelque chose qui lui a cruellement manqué ces deux dernières décennies : du temps libre.
Qu’à cela ne tienne, Anita commence à prendre des leçons de moto, se lance dans un projet impossible, apprend à connaître sa mère légèrement sénile, et tombe follement amoureuse.
Finalement, n’est-ce pas merveilleux de réaliser ses rêves d’adolescence à l’approche de la quarantaine?
Extrait :

« Mon chemin vers la folie commence ici. Je suis assise par terre dans l’entrée et je parle avec ma porte.
Il y a quelques secondes, elle s’est refermée dans un claque- ment. Dix-neuf ans envolés dans un bruit sourd. Puis le pling impitoyable de l’ascenseur lorsqu’il arrive à notre étage et le racle- ment de la valise à roulettes sur le sol.
— Merde, je dis en entendant l’ascenseur redescendre.
Ma porte n’a aucune réaction.
Sans réflechir, je me lève et je me précipite sur le balcon.
— Attends ! je crie en me penchant au-dessus de la balustrade.
Ne me laisse pas ! J’ai dit quelque chose de mal ? Je peux changer, je te le jure ! Donne-moi une dernière chance !
Mon hurlement fait sursauter un couple de passants qui lève la tête vers moi. Une partie de moi se dit que mon comportement n’est pas très convenable. Mais je m’en fous. La personne à la valise s’est arrêtée elle aussi. Elle se retourne.
— Haha, maman, dit Emma, ma lle, le soleil de ma vie, le centre de mon existence, qui en ce moment est en train de me quitter. »

Mon avis :

Anita Grankvist, à trente-huit ans, a l’impression de ne pas avoir de vie. Sa fille de dix-neuf ans, Emma, vient de déménager dans une autre ville pour aller étudier à l'université. Son appartement est désespérément vide et désert quand Emma n’est pas là. Ses seuls préoccupations sont désormais son emploi dans un supermarché. Anita a toujours eu de nombreux rêves dans sa jeunesse et le besoin de les réaliser se fait désormais sentir, devient presque oppressant alors qu’elle dispose devant elle de plus de temps libre qu’elle ne le souhaiterait. Dans un moment de faiblesse, elle se rend dans une école de conduite pour prendre un cours, et au même moment elle s’engage dans la planification d'un projet pour la ville sans réel enthousiasme. Et comme les changements n’arrivent jamais seuls, elle rencontre un homme. Sa vie va totalement être bouleversée du jour au lendemain. Mais la liberté et l'aventure peuvent être difficiles à combiner lorsque l’on a des amis et une vie jusque là structurée.
J’ai beaucoup aimé le premier roman de Katarina Bivald. Le jour où Anita envoya tout balader est dans le même esprit où l’amitié et l’amour donnent aux gens ordinaires une raison d’être et d’avancer, une saveur appréciable dans laquelle on évolue tranquillement. Anita est une héroïne charmante dans laquelle on parvient facilement à se projeter : je me suis mise à sa place et j’ai compris ce qu’elle ressentait. Durant les années écoulées, elle s’est enfermée dans son rôle de mère, sans chercher à s’alourdir d’autres préoccupations. Elle est devenue mère assez jeune et n’a finalement pas eu le temps de connaître autre chose que cette vie. Mais, maintenant, elle ouvre les yeux et décide qu’il est temps de se reprendre: elle se retrouve alors prise dans un tourbillon d’événements, parfois surprenants, où elle va devoir faire des choix plus ou moins difficiles. Notamment en ce qui concerne Lukas, notre jeune motard à la personnalité totalement différente de la sienne. L’auteure nous offre un panel de personnes secondaires très attachant. Mais ce que j’ai surtout apprécié dans ce récit est cette note d’espoir qui découle au fil des pages : qu’importe notre âge, il est toujours temps de réaliser ses rêves.

★★★★☆


Du même auteure :


Katarina Bivald a grandi en travaillant à mi-temps dans une librairie. Aujourd’hui, elle vit près de Stockholm, en Suède, avec sa sœur. http://katarinabivald.se/en/




À propos de Sariah'Lit:

Stéphanie, férue de lecture et blogueuse depuis 2013. Elle ne passe pas une journée sans avoir un livre entre les mains pour s'évader.

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