Je suis ton soleil

20 juillet 2018

"À force de contempler mon nombril, je suis passée à côté de mes parents"

Pavlenko Marie
466 pages
Éditions Flammarion (2017)
Collection grands formats
Déborah démarre son année de terminale sans une paire de chaussures, rapport à Isidore le chien-clochard qui s'acharne à les dévorer. Mais ce n'est pas le pire, non.
Le pire, est-ce sa mère qui se met à découper frénétiquement des magazines ou son père au bras d'une inconnue aux longs cheveux bouclés ?
Le bac est en ligne de mire, et il va falloir de l'aide, des amis, du courage et beaucoup d'humour à Déborah pour percer les nuages, comme un soleil.
Extrait :

« L'enveloppe est blanche. Le timbre, rouge.
Une lettre anodine, à part l'écriture nerveuse et serrée que je connais si bien.
Celle de Victor.
Je pose l'enveloppe sur le lit.
Je n'ose plus la toucher, encore moins l'ouvrir. Pour l'instant, à l'intérieur, il y a l'infini : l'abandon, la solitude, le chagrin, la tristesse, le ridicule, des torrents de larmes, l'espoir, l'avenir, des guirlandes de fous rires, les petits oiseaux qui chantent, la vie en beau.
Si je fais comme si l'enveloppe n'était pas là, tout reste possible.
Je me lève ramasse une petite culotte qui traîne, charge mon téléphone qui affiche 98 % de batterie. Observe Isidore qui bave sur mon parquet. Décale ma lampe de chevet de deux centimètres, lance ma culotte au hasard. Isidore lève une oreille quand elle retombe par terre.
Je soupire.
Je prend la lettre.
Je veux savoir. »

Mon avis :

Après une rencontre avec l’auteure où elle décrivait la manière dont elle avait construit son livre, son lien avec son héroïne, j’ai eu très envie de découvrir Je suis ton soleil. Je me suis lancée et je ne le regrette nullement. Marie Pavlenko m’a totalement subjuguée avec son ouvrage à la fois doux, obscur, drôle et touchant.

Déborah entre en terminal avec pour objectif ultime le passage du bac. Mais, rien ne se déroule comme elle le souhaiterait : elle se retrouve sans chaussures à cause d’un chien qui n’est pas vraiment à elle et une meilleure amie démissionnaire trop nombriliste pour se préoccuper des autres. Et comme si cela ne suffisait pas, elle découvre par hasard son père avec une autre femme qui n’est vraisemblablement pas sa mère. Incapable d’oublier ce qu’elle a vu, elle passe ses journées et ses nuits à angoisser, à s’interroger sur ce qu’elle doit faire : le dire à sa mère ou la laisser dans l’ignorance ? Cette dernière ne semble pas non plus avoir toute sa tête et son comportement de plus en plus étrange inquiète Déborah. Elle qui pensait que cette dernière année serait différente...

Déborah est une héroïne cynique, combative qui va voir tout s'effondrer autour d’elle. Elle n’en garde pas moins une certaine insouciance et beaucoup d'humour qui vont lui permettre d'affronter les difficultés les unes après les autres. La vie de Déborah va subir de nombreux changements. Mais elle va avant tout apprendre à se connaître, aller au-delà des apparences et s’en trouver grandie. Je me suis très rapidement attachée à l’héroïne, et il a été difficile pour moi de reposer l’ouvrage : je serais bien restée avec elle, partir en vacances et découvrir la romance que l’auteure nous laisse entrevoir.

Malgré les thèmes plutôt lourds qu’il aborde tels que le suicide, l’homosexualité, l’avortement, Je suis ton soleil est un ouvrage qui dégage une certaine énergie positive. L’histoire parvient à traiter de problématiques universelles sur l’adolescence sans tomber dans des clichés. La plume de l’auteure joue d’ailleurs un rôle indispensable dans ce que dégage le récit : un style fluide et vivant qui nous fait passer par un panel d’émotions, de l’angoisse aux larmes en passant par la joie. Et c’est cette dernière émotion que nous retenons.

En bref, un agréable roman d’apprentissage, avec une héroïne émouvante et attachante. Je ne peux que vous recommander sa lecture si ce n’est pas déjà fait.

★★★★☆

Stéphanie

Marie Pavlenko est née en 1974 à Lille, puis elle effectuera des études de lettres modernes à la Sorbonne-Nouvelle afin d'obtenir un DEA.
Elle reviendra à Lille pour intégrer l'Ecole Supérieure de journalisme.
Elle a aussi enseigné le français en Jordanie avant de s'installer à Paris où elle est journaliste pour la presse écrite pendant quinze ans.




À propos de Sariah'Lit:

Stéphanie, férue de lecture et blogueuse depuis 2013. Elle ne passe pas une journée sans avoir un livre entre les mains pour s'évader.

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