L’oeillet de velours

7 mai 2019

"Je prends sa main et ressens un délicieux tiraillement dans le ventre qui ne saurait souffrir la description ; tout s’apaise, lorsqu’elle me touche."

Carlin Laura
507 pages
Éditions Milady (2019)
Dans les allées sombres du Londres de 1831, les miséreux disparaissent un à un sans laisser de traces...
Hester White est une jeune femme pleine de ressources et désire ardemment se sortir des immondices dans lesquels elle vit depuis des années. Lorsque sa route croise celle de la riche famille des Brock, elle saute alors sur l’occasion. Les Brock décident de la prendre sous son aile et c’est la brillante et non moins mystérieuse Rebekah Brock qui se charge de son éducation. Au fil des jours, Hester et Rebekah se rapprochent et vont chercher à résoudre l’énigme de ces multiples disparitions que les gens commencent à redouter. Leur enquête les entraînera au cœur d’un secret bien plus sombre que tout ce qu’elles avaient pu imaginer... et leur révélera leurs véritables aspirations.
Extrait :

« Pensez-vous connaître Londres ? D'aucuns affirment qu'il s'agit de la plus belle ville d'Europe. Peut-être êtes-vous déjà resté en admiration devant le dôme de la cathédrale Saint-Paul, ou bien avez-vous descendu la Tamise sur un bateau de transport de voyageurs, entre les petites barques et les vapeurs, pour glisser sur les flots en direction du cœur de la cité, sous l'ombre du Blackfriars Bridge. Ensuite, après avoir payé au timonier sa demi-couronne, sans doute avez-vous été bringuebalé dans un fiacre pour rejoindre Vauxhall en fredonnant un air guilleret ? Ou avez-vous préféré prendre l'omnibus de Shillibeer ? Peut-être avez-vous fait le trajet de Paddington jusqu'à Bank en vous arrêtant au passage à La Licorne pour déguster un bon steak avec une sauce aux huîtres ?
Car, finalement, c'est à cela que peut se résumer Londres, n'est-ce pas ? Jadis, j'ai cru cela, moi aussi. »

Mon avis :

Je suis toujours intéressée par des histoires remplies de mystères qui mettent en scène des héroïnes fortes et indépendantes. Avec une couverture si séduisante et un titre si accrocheur, je ne pouvais résister à la découverte de l’ouvrage de Laura Carlin.

Au début des années 1830, dans un Londres géorgien sombre et mystérieux, des hommes, des femmes et des enfants disparaissent sans que quiconque n’y prête une réelle attention. Personne, mis à part Hester White, une orpheline vivant dans les bas-fonds de Londres. La jeune femme souhaite comprendre la raison de ses nombreuses disparitions, mais elle n’a pas le temps de se mettre en quête de plus d’informations. Alors qu’elle cherche à rejoindre un cousin, dernier membre de sa famille capable de l’extirper de sa misérable situation, elle échappe de justesse à un accident. Hester est alors recueillie par un jeune chirurgien, Calder Brock, qui pense que les pauvres sont capables d’apprendre et de s’améliorer. Il l’emmène dans le domaine de sa famille, le Waterford Hall. Hester sait déjà lire et écrire. Mais elle voit dans cette proposition une chance de mener une meilleure existence. Elle laisse donc Calder et sa soeur, Rebecca, superviser son éducation. Les jours passant, Hester développe des sentiments pour Rebecca et devient avide de se retrouver en sa présence.

Caves humides, ruelles sombres, pauvreté, faim, l’auteure parvient parfaitement à retranscrire le décor et l’atmosphère de Londres de l’époque, à placer les différents protagonistes de l’intrigue dans la première partie du roman. J’ai aimé découvrir l’univers d’Hester et la relation qu’elle créait avec Rebecca. C’est une héroïne convaincante à découvrir ; elle est déterminée à rester fidèle à elle-même malgré les événements. La vie d'Hester n'a pas été facile depuis la mort de ses parents quelques années plus tôt. Se retrouvant seule au monde, elle a vécu jusqu’ici avec l'ancien jardinier de son père, Jacob, et sa femme, Meg. Leur maison, si on peut appeler cela ainsi, est très différente du presbytère qui l’a vue grandir, et elle espérait que son cousin pourrait lui offrir la possibilité de commencer une nouvelle vie en dehors de la ville. Mais, les choses ne se sont pas déroulées comme elle le souhaitait. J’étais assez curieuse de savoir ce qui se tramait dans Londres. Par la suite, l’intrigue s'accélère alors qu’Hester et Rebecca se lancent enfin dans l’enquête alors que les sentiments entre les deux femmes progressent. Mais, il se passe trop de choses. C’est une longue succession d'événements dramatiques dans lesquels on se perd un peu. Ce qui est dommage car nos héroïnes ont des personnalités intéressantes à découvrir.

J'ai aimé l'écriture de Laura Carlin et l'atmosphère qu'elle a créé. Elle a un style qui retient notre attention et elle parvient à mettre une quantité impressionnante de détails dans son récit, si bien qu’on est complètement immergé dans son univers. Si j’ai apprécié la première partie avec sa lente mise en scène, je ne me suis pas retrouvée dans la seconde partie. Dans l’ensemble pourtant, L’oeillet de velours est un ouvrage intéressant, décrivant l’époque victorienne avec justesse.

★★★★☆

Stéphanie

Laura Carlin est diplômée au Royal College of Art de Londres en 2004. Elle a obtenu de nombreuses récompenses dont le prestigieux prix du Victoria and Albert Museum, le Quentin Blake Award deux années consécutives, le prix du National Magazine ainsi qu'une mention d'honneur à la Foire du livre de jeunesse de Bologne, catégorie fiction. http://www.lauracarlin.com/




À propos de Sariah'Lit:

Stéphanie, férue de lecture et blogueuse depuis 2013. Elle ne passe pas une journée sans avoir un livre entre les mains pour s'évader.

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