Aurélie Jolie

2 décembre 2014

" Pourquoi riez-vous, j'ai dit une sottise ? "

Falconetti di Brando Pierre
184 pages
Éditions Amalhe (2014)
Collection Histoire
Durant le Second Empire, Paris est déjà bel et bien la capitale mondiale de la mode. Mais qu’il est difficile à cette époque pour une femme, aussi douée soit-elle, de s’y tailler une place de choix. L’histoire de cette « petite main » est le prétexte qu’a choisi l’auteur pour nous raconter la lutte entre deux religions, l’une montante : le marxisme, l’autre déclinante : le catholicisme, sous son aspect purement économico-politique. L’attachante jeune femme est le symbole d’un libéralisme triomphant que la guerre de 70 puis la Commune vont mettre à mal, peut-être définitivement.
Extrait :

« Parfois Aurélie se demandait quel était le motif le plus profond qui lui faisait détester son toscan de père.
L'odeur effroyable qu'il dégageait, mélange de cigare puant, d'haleine chargée, de sueur aigre ?
Ou cette façon particulière de la serrer de près, de trop près ?
Ou bien de l'avoir mariée toute jeune encore à cet homme sans lui avoir vraiment demandé son avis ... »

Mon avis :

Aurélie n'a que dix-sept ans quand son père la pousse à s'unir à Roger, de plus de trente ans son aîné, un camarade marxiste de son père. Un mariage qui va s’avérer être horrible pour la jeune fille alors qu'elle subissait déjà les regards lubriques de son père. Désireuse de prendre un peu d'indépendance et de se rendre utile, Aurélie intègre un atelier de couture. Elle va vite se faire une place et se découvrir de réelles compétences dans ce domaine.
Aurélie évolue au cours de l'histoire. On le sent à sa façon de prendre de l'assurance, dans sa façon de parler. C'est une jeune femme vive, intelligente, douce et franche. Mais, longtemps, elle a été rabrouée, rabaissée à un simple statut de femme soumise. Aussi, sa rencontre avec Monsieur Fernand lui apporte quelque chose d'essentielle : du soutien, du respect. Sa relation avec son employeur va d'ailleurs prendre des tournures peu ordinaires. Et Aurélie va devenir, en quelques années, une jeune femme respectée, audacieuse et sûre d'elle.
Pour décor, l'auteur dépeint le second empire où la politique de Napoléon III fait débat au sein des classes sociales, notamment les discordances entre classes prolétaires à la merci de leurs employeurs face aux industriels. C'est une période prospère économiquement sur laquelle vogue les entreprises, dont celle qui a embauché Aurélie. L'histoire n'est pas ma tasse de thé. Mais la manière dont est présenté le récit, tournant autour de la vie d'Aurélie, m'a fait appréciée l'époque.
L'histoire est courte. C'est d'ailleurs ce qui pèche ici. Comme souvent, l'intrigue aurait mérité d'être plus poussée, de souligner encore plus les changements causés par l'Histoire dans la vie d'Aurélie et l'industrie. Pour le reste, il s'agit là d'une lecture fort sympathique, que j'ai apprécié et qui contentera un grand nombre.

★★★★☆






À propos de Sariah'Lit:

Stéphanie, férue de lecture et blogueuse depuis 2013. Elle ne passe pas une journée sans avoir un livre entre les mains pour s'évader.

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