"C'est un survivant."
Castillon Claire
224 pages
Éditions Flammarion (2018)
Collection jeunesse
Extrait :« Je l’appelle Apothéose parce qu’il n’y a aucun prénom logique à lui mettre sur le visage. Je la klaxonnerai avec ma tête jusqu’à ce qu’elle se retourne. Un jour, elle me dira son vrai prénom, à l’oreille, elle le prononcera avec le souffle. Son souffle réveillerait un mort. En attendant, de là où je me trouve, je kiffe à fond dès que je pense à elle. »
Tous les matins, Wilco regarde Apothéose passer sous sa fenêtre. Jusqu’à ce qu’un jour, il se penche tellement qu’il tombe.
« Je l'appelle Apothéose parce qu'il n'y a aucun prénom logique à lui mettre sur le visage, ni un prénom classique, ni un prénom ancien, ni un prénom mixte, de fruit ou de fleur. Je la klaxonnerai avec ma tête jusqu'à ce qu'elle se retourne.
Quand, à la rentrée de septembre, Mrs Blandin la remet à sa place à cause de son fou rire, elle choisit de s’appeler Marilyn sans réfléchir. Sans réfléchir parce qu’elle ne réfléchit pas. Elle ne réfléchit pas sur le coup en tout cas. Elle ne calcule rien. Elle dit les choses. Elle les sort. Elle les pense après. Elle est intempestive, brutale comme une poussière dans l’oeil. »
Quand, à la rentrée de septembre, Mrs Blandin la remet à sa place à cause de son fou rire, elle choisit de s’appeler Marilyn sans réfléchir. Sans réfléchir parce qu’elle ne réfléchit pas. Elle ne réfléchit pas sur le coup en tout cas. Elle ne calcule rien. Elle dit les choses. Elle les sort. Elle les pense après. Elle est intempestive, brutale comme une poussière dans l’oeil. »
Mon avis :
Je me suis plongée dans cette lecture sans vraiment connaître le sujet de l’ouvrage. Il faut dire que le résumé est très mystérieux et ne dévoile rien du contenu du livre. Mais, cela ne m’a pas dérangée et m’a donné davantage envie de le découvrir. Aussi, je préfère vous prévenir que mon avis en dévoilera bien plus que ce que nous en dit sa quatrième de couverture. Si vous souhaitez garder le mystère, abstenez-vous de lire la suite.
Wilco est un jeune adolescent d’à peine quinze ans, un garçon ordinaire amoureux d’une fille de sa classe dont il ignore le prénom ne s’étant jamais intéressé à elle auparavant. Apothéose, comme il aime l’appeler, ne ressemble à aucune fille qu’il connaît. Chaque jour, trop timide pour l’aborder, il aime la regarder passer sous sa fenêtre en espérant qu’un jour elle lui retourne ses regards. Et, alors leur histoire d’amour pourra vraiment commencer. En attendant, il continue de se pencher par sa fenêtre, un peu plus chaque jour pour l’admirer, jusqu’au jour où il passe par la fenêtre et tombe brisant son corps en mille morceaux. Une chute de cinq étages qui ne sera pas sans conséquence puisqu’elle va le rendre paraplégique. Conscient mais incapable de communiquer, il ne peut que cligner des yeux et assister à ce qui se déroule autour de lui.
Tout au long du roman, nous sommes dans la tête de Wilco, à découvrir ses rêves, ses fantasmes, ses envies, ses espoirs. Nous assistons aussi à ce qui se passe autour de lui : les craintes, les interrogations, et les petits rituels de sa famille qui lui rend visite, les soupçons de la police et de l’équipe médicale quant à ce qui s’est passé. Prisonnier de son corps, il ne peut que subir, qu’observer et, réfléchir à la vie se souvenant des bons moments. Mais, il y a aussi beaucoup de regrets et de divagations dans ses pensées. On navigue un peu dans le flou, ne parvenant pas à déterminer ce qui est réel de ce qu’il invente. C’est assez perturbant, mais également totalement envoûtant. Wilco est, en outre, un protagoniste touchant, qui garde un certain sarcasme et une imagination débordante pour surmonter sa situation. Il garde espoir de se relever un jour et de vivre une belle histoire d’amour avec Apothéose. Sa voix nous transporte au fil des pages et nous prend totalement au dépourvu. L’ensemble est plutôt poétique et dégage un mélange d’espoir, d’optimisme et de douceur malgré la situation dramatique que vit notre personnage.
Proxima du Centaure est une histoire originale et tout à fait bouleversante. De l’auteure, j’avais eu l’occasion de parcourir Les piqûres d’Abeille qui pointait notamment le racisme envers les handicapés dans une intrigue assez surprenante. Je n’étais pas parvenue à trouver d’affinité avec les personnages. Mais, ici, ce fut totalement différent, si bien que je ne voulais pas quitter Wilco.
★★★★☆
Stéphanie
Du même auteure :
Écrivaine française, Claire Castillon naît à Boulogne-Billancourt le 25 mai 1975. Issue d’une famille aisée, Claire Castillon poursuit des études littéraires et décroche un DEUG. Son premier roman, Le Grenier, est publié en 2000.
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