Iris Rivaldi - Interview

16 janvier 2019

RIVALDI Iris
160 pages
NDB Editions (2018)
Prix 15 € ICI

Une femme marche dans une rue sombre quand elle heurte un objet sur le sol. Elle est effrayée et cherche aussitôt de l'aide à la porte la plus proche...
C'est ainsi que débute ce polar avec l'entrée en scène d'un commissaire de police plus qu'atypique qui a été bercé par les grands noms de la maison Poulaga. Javert, l'inspecteur Bourrel, Columbo sont d'ailleurs ses maîtres à penser. Il ne s'est pas non plus remis de l'émoi sensuel éprouvé à la lecture des aventures de Malko Linge, le héros des SAS qui a enflammé son adolescence. Au fil du récit, ce flic de choc au flair réputé infaillible révélera aussi une personnalité sensible, un brin romantique...

L'auteure se livre pour nous.


Petite présentation de l’auteure Iris Rivaldi :


J’utilise un pseudo, un « nom de plume » pour le dire de façon poétique. J’ai fait ce choix, non pas parce que je ne veux pas être reconnue. Au contraire ! En effet, même si je suis inconnue du grand public, j’espère tout de même sortir un peu de l’ombre. Je vous l’accorde, parfois, les romanciers sont quelque peu complexes... Simplement, comme je suis également traductrice de l’italien, j’ai cherché à me raccrocher à cette activité. Comme Iris, en plus d’être une fleur magnifique est aussi l’emblème de Florence, une ville qui me fait rêver, alors j’ai eu le coup de foudre pour ce joli prénom. Quant à Rivaldi, il se réfère à mon vécu et à mon histoire familiale.

Et en dehors de l’écriture de romans policiers ?

Avant de me lancer à cœur perdu dans l’écriture – en effet, j’ai pour habitude de prendre les choses très à cœur – j’ai travaillé comme journaliste, en Normandie, pour la presse locale pendant quatorze ans. Un bail ! Cette expérience m’a permis de faire un tas de rencontres enrichissantes. Il était déjà question d’écriture puisque j’écrivais tous les jours de nombreux articles dans des domaines variés. Pour moi, il n’y a jamais eu de « petits » ou de « grands » événements à relater car tout m’intéresse. Et m’intéresse toujours puisque j’apprécie restée informée de ce qui se passe près de chez moi.

Pourquoi le polar ?

Un jour, je me suis dis que je pourrais imaginer mes propres histoires en me servant de mon imagination. J’ai alors eu l’idée d’écrire des romans policiers. Ma série « Le Grogneux » a commencé à prendre forme. Grâce à des ingrédients comme le mystère et l’intrigue, ce genre permet de brouiller les pistes, plus facilement, en tout cas, qu’un roman à clef autobiographique ! Dans mes romans, j’ai tout inventé de A à Z. Néanmoins, compte tenu du contexte, à savoir le quotidien de policiers de terrain, les situations décrites sont réalistes.

Et la traduction ?

Même si j’avais quelques bases, j’ai appris (sérieusement) l’italien en autodidacte. En 2016, l’université italienne de Perugia m’a délivré le « Certificato di Conoscenza della Lingua Italiana » au niveau 5. J’adore lire directement en V.O. et j’ai commencé à traduire les passages les plus marquants de certains ouvrages. Constatant que le résultat tenait debout, j’ai alors traduit des livres entiers ! J’ai eu la chance de rencontrer l’éditeur du Var Les Presses du Midi (Toulon) dont je suis aujourd’hui la traductrice. Cet éditeur a déjà publié certaines de mes traductions et en fera paraître d’autres en 2019.

Depuis quand écrivez-vous ?

Depuis l’adolescence. Comme beaucoup de jeunes, j’ai tenu des journaux intimes et j’ai continué à le faire à un âge plus adulte. Comme l’indique l’appellation de ce type de littérature, celle-ci n’a pas vocation à devenir publique ! C’est néanmoins un bon exercice.

Qu’est-ce qui vous plaît dans l’écriture de romans ?

En premier lieu libérer mon imagination, ensuite le travail de recherches. À partir de ces éléments, je crée mes personnages que je laisse vivre au fil d’un scénario. Au cours de la rédaction, ils évoluent avec lui au point que, parfois, je ne connais pas moi-même la fin de l’histoire ! C’est une découverte permanente. J’en conclus donc que, si je ne m’ennuie pas en écrivant, je réussirai peut-être à conserver l’intérêt du lecteur.

Quelle différence avec le travail de traduction ?

En premier lieu, je ne suis plus l’auteure ! C’est très important de ne jamais perdre de vue cet élément fondamental. Je dois en permanence respecter le travail d’une autre personne, rester au plus près de son style, de son ressenti et de ses intentions. Cela va bien au-delà d’une simple compréhension du texte.

Quelle expérience tirez-vous de l’écriture ?

Tout travail d’écriture requiert une extrême minutie. L’exercice est enrichissant car j’en apprends tous les jours sur les plans de la syntaxe, de l’orthographe et de la grammaire. Je peux vérifier au quotidien à quel point la langue française est certes fascinante mais ô combien complexe ! De plus, avec les recherches, souvent importantes, j’enrichis ma culture personnelle.

Avez-vous d’autres projets d’écriture ? Si oui, lesquels ?

Je termine le septième tome de ma série des « Grogneux », qui raconte les aventures d’un commissaire principal de police en Normandie. Mon héros est secondé dans ses enquêtes difficiles par son adorable épouse qui incarne, pour lui, l’idéal féminin. Par moments, je fais référence au surnaturel, quand intervient le personnage de la grand-mère de sa douce et brillante moitié. J’ai le projet de traduire d’autres livres italiens dont le prochain sera un polar d’une auteure, bientôt publiée aux Presses du Midi.

Votre entourage est-il au courant de votre passion ? Ont-ils lu vos livres ?

J’ai le bonheur d’être soutenue par mon entourage. D’abord, mon mari m’aide dans le laborieux travail de relecture et aussi pour la documentation car il a été fonctionnaire de police, à Paris. De plus, ma famille compte des lecteurs chevronnés et enthousiastes qui ont lu tous mes livres et m’encouragent à continuer.

Avez-vous des conseils d’écriture pour les auteurs débutants ?

Je ne me permettrai jamais de donner le moindre conseil. Tout auteur sait que l’écriture est un travail exigeant, prenant et difficile car on écrit avec son cœur et ses tripes. Je peux simplement dire qu’il ne faut jamais se décourager et persévérer car des obstacles, on en rencontre inévitablement. Chacun espère faire rêver, passionner ou simplement intéresser le lecteur. Dans les romans policiers, en plus, il faut un raisonnement qui se tient et de la logique. En ce qui me concerne, j’ai privilégié l’option de livres pas trop longs mais néanmoins intenses.

Et pour finir, un petit portrait chinois :

Parmi les cinq éléments, lequel vous correspond ?  Je dirais le feu car je suis une passionnée, sans cesse « dans le feu » de l’action !
Un événement historique : L’éruption du Vésuve qui a détruit Pompéi. Les habitants de cette ville romaine ont été ensevelis dans la cendre et figés pour l’éternité dans leur douleur atroce. Cette vision apocalyptique m’a toujours marquée donnant à réfléchir sur la précarité de l’existence.
Une chanson française : Tu es mon autre
Un livre : Mademoiselle Else d’Arthur Schnitzler
Un film : Conte d’été d’Éric Rohmer
Mot préféré de la langue française : Sérénité
Mot préféré de la langue italienne : Amore
Un accessoire de beauté : Des boucles d’oreille

Extrait


Tout a commencé ainsi…

La chaussure

La rue était déserte, la femme marchait vite sans se retourner. Elle ne distinguait presque rien dans la pénombre. Seul un lampadaire blafard clignotait au bout de la rue. Elle était soucieuse, perdue dans ses pensées. Soudain elle heurta un obstacle par terre, elle se pencha et chercha à tâtons dans la semi-obscurité, mais ne trouva rien dans un premier temps. En tentant de se relever, elle bascula la tête la première pour se retrouver à quatre pattes sur le sol et cogna l’objet de la main. À sa forme, elle reconnut immédiatement une chaussure de femme. Elle se releva d’un bond, maintenant terrorisée, et chercha la porte la plus proche en quête de secours. Elle fut bien avisée de frapper chez moi.

Il était dix-sept heures trente. J’étais rentré tôt du travail. Le début de l’hiver était encore doux mais en cette période, la nuit tombait vite. J’avais tiré les gros rideaux du séjour pour plus d’intimité et je dégustais un thé bien chaud pour récupérer de ces journées trop souvent harassantes.

J’entendis des coups répétés. Je chaussais mes pantoufles et me dirigeais rapidement vers le couloir de la porte d’entrée. J’ouvris et la vis trembler de peur.

— Tout va bien mademoiselle ?
— Puis-je entrer, monsieur ?
— Que se passe-t-il ?
— Voilà je marchais dans la rue, elle est très mal éclairée, vous savez…
— Oui, je sais, la mairie veut faire des économies, il n’y a plus que le carrefour, un peu plus loin, qui reste allumé. C’est trop peu.
— Donc je marchais en me dépêchant, car j’ai toujours peur quand il fait sombre et j’ai heurté un objet sur le trottoir.
— Ah bon ! Où ça sur le trottoir ?
— Juste en face de chez vous.
— Ne restez pas dehors, venez vous réchauffer. Chez moi, vous ne craignez rien.
— Merci, mais je ne voudrais pas vous déranger.
— Du tout, vous voulez prévenir quelqu’un ?
— Non, j’ai juste besoin de retrouver mon calme.

Elle entra et je pus voir à quoi ressemblait cette ombre chinoise. Elle était grande, les cheveux bruns mi-longs et portait un trench couleur crème, qui laissait apparaître le bord d’une robe foncée. Elle était élégante et distinguée. Je pensais : « c’est sûrement une secrétaire… »
Elle enchaîna :
— Quand j’ai heurté l’objet, je me suis baissée par curiosité afin de mieux voir ce que c’était. J’ai cherché des yeux et je ne l’ai pas trouvé, puis j’ai atterri sur les genoux.
— Vous vous êtes fait mal ?
— Non, mais par terre, ma main a touché l’objet en question et j’ai immédiatement reconnu une chaussure de femme avec un talon haut. /...

À propos de Sariah'Lit:

Stéphanie, férue de lecture et blogueuse depuis 2013. Elle ne passe pas une journée sans avoir un livre entre les mains pour s'évader.

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